lundi, avril 17, 2006

- Art et limites

Explorons un peu le concept de limite et faisons le avec ce qui est relativement illimité par nature : l’art.

J’aimerais vous parler de mes trois œuvres-limites favorites et en explorer un peu la nature et les intensités.

Commençons par la moins pire : La dernière cène de Marithé et François Girbaud C’est une reprise de la dernière cène de Léonard de Vincy. Elle s’inspire du Da Vincy code qui affirme que le disciple Jean à la droite de Jésus est en fait nul autre que Marie-Madeleine qui serait la femme de Jésus.



Au delà de la facture très esthétique de cette image magnifique, j’aimerais attirer votre attention sur le dessous de la table. Je suis vraiment fascinée par le jeu des jambes qui en général n’appartiennent à personne en particulier et sur la colombe. C’est génial.

La limite est ici atteinte par le biais des dispositions sexistes du christianisme car la photographie change (avec brio) les personnages masculins en personnages féminins.


Passons maintenant à Mauricio Cattelan. Cet artiste italien est très célèbres pour plusieurs œuvres qui ont fait scandale. Ce dernier a par exemple pendu des enfants (de cire) à un arbre à Séville. Il voulait par là dénoncer l’attitude irresponsable des humains envers l’environnement qui condamne les futures générations à une mort certaine. Citons également son fameux Hitler en prière qui souleva l’indignation générale et fut décrié comme « Une horreur travestie d’innocence, une perversion ».



Mais l’œuvre-limite dont je souhaite parler est la « nona ora » exposée en 1999 à Varsovie.



Nous pouvons voir le pape Jean-Paul II (alors régnant) écrasé par une météorite. Le message est clair et n’a pas besoin d’être mis en mot. J’adore la simplicité brute de cette œuvre et de son message. La limite est atteinte au niveau de la notion de hiérarchie.

Le meilleur cependant n’est pas l’œuvre elle même mais la réaction du public qui a transformé la « nona ora » en œuvre interactive. Imaginez vous donc qu’un groupe de catholiques très engagé a été tellement outré de cette installation qu’ils ont forcé la porte du musée et se sont précipités sur le pape pour le relever. Ils y sont parvenus mais pour y arriver, ils durent casser les jambes du pauvre Jpi. Je trouve ce fait proprement merveilleux. On te relève quitte à te CASSER LES JAMBES LOL ! J’adore ! C’est fabuleux ! Je défaille de joie !

La dernière œuvre que je propose à votre attention est la photographie de crucifix d’Andres Serrano exposé en 1988 dans le sud des États-unis.



Cette œuvre est simplement belle mais ce qui fait problème c’est son titre. Elle est intitulée « The piss christ ». Oui, vous avez bien lu ; ) Un crucifix dans le pipi. L’intérêt ici, c’est que la limite est dans le sens. Qu’est-ce que l’artiste a voulu dire ? Il ne semble pas s’être formellement prononcé sur la question. C’est donc à nous de décider.

Dans son sens premier. Ça peut être juste une insulte gratuite au crucifix et par extension au christianisme. « Je te pisse à la gueule » comme on dit. Dans ce cas ce n'est pas très intéressant, mais on peut penser un peu plus loin.

Cette œuvre peut remettre en contexte la nature infamante de la crucifixion qui est bien émoussée 2000 ans plus tard. Après tout les soldats romains n’ont pas dû économiser leur fluides lors de la flagellation ; et puis à tout prendre, pourquoi Dieu aurait-il peur du pipi considérant que c’est lui qui l’a créé ?

( Je fait ici un petit aparté sur ce type de limite qui siège dans le sens car j’ai appris en fin de semaine qu’une de mes amie, l’artiste Annie Brunet étudiante à l’UQAM, avait fait une performance artistique vidéo à thème religieux. Elle a prit des hosties (non-consacrées) et a demandé aux passants de cracher dessus. Au premier niveau, cela semble terriblement gratuit alors je lui ai demandé ce que cela signifiait exactement. Elle m’a répondu qu’elle souhaitait ainsi faire un lien avec le fait que la religion est d’une part en train de « crasher » au Québec et d’autre part, est responsable de nombreux « crash » historique de toutes sortes. Au deuxième et troisième niveau, les flirts-limites sont toujours beaucoup plus intéressants.)

Revenons à nos moutons. De ces trois œuvres, une seulement a suscité une sortie scandalisée du Vatican et a été frappée d’interdit. Laquelle ? Vous ne devinez pas ? Je vous le donne en mille. C’est la dernière cène de Marithé et François Girbaud. Et oui, incroyable mais vrai.

Faire pipi sur le Christ, ce n’est pas très gracieux mais bon… ; écrapoutir le pape sous un projectile divin au point que des fidèles pètent les plombs… passe encore, mais asseoir les femmes à la sainte table… Ça non alors ! SACRILÈGE ! Faut-il croire que la féminisation est plus dangereusement démoniaque que tout autres flirts-(autrement plus) limites ?

Ça c’est du sexisme mon ami !

Ce fait est particulièrement intéressant quand on sait qu’Andrès Serrano fut choisi, malgré le scandale du Piss christ, pour participer au collectif La chair et Dieu, une religieuse initiative de l’association Arts-Cultures et Foi en 2002 et que le Vatican n’a rien trouvé à y redire… On peut consulter l’exposition à cette adresse : http://www.artistes-en-dialogue.org/artinst.htm sur un site faisant partie des médias catholiques de France et hébergé par la conférence des évêques de France. Serrano y propose des bébés morts et de jolis cadavres à moitié découpés : )

Quand je vous disais qu’en théologie les limites sont une mine d’explorations fascinantes… ; )

ps- je tiens à dire que pour ma part, j'approuve ce choix de Serrano et félicite à ce titre l'église pour cette ouverture d'esprit remarquable.

lundi, avril 10, 2006

- Mariage et divorce

Un de mes ami (l’artiste d’origine haïtienne Agnos qui travaille la peinture et la sculpture sur cuivre pour cels qui connaissent) a eut une réflexion très intéressante sur le mariage. Il soutient qu’on ne devrait pas se marier avant mais après.


Le mariage actuel suggère que deux personnes peuvent se mélanger un peu comme deux couleurs qui une fois mélangées ensemble en forme une nouvelle. Cependant, cela est impossible puisque les personnes ne sont point des couleurs et qu’elles ne se mélangent pas. À cet effet, Agnos dit qu’on devrait attendre après la vie de couple, à la disparition d’un des conjoint pour être marié, de même pour les prêtres qui devraient être ordonnés après leur mort. Après l’avoir mérité quoi. C’est très intéressant, ça change complètement le concept.

.Michaël Seguin en maîtrise en théo dit aussi un truc percutant sur le mariage. Selon l’église catho, le divorce est impardonnable… à moins que ce soit le remariage qui soit impardonnable ? En tout cas, le fait est que considérant que le meurtre lui est pardonnable, quelqu'un-e qui veut divorcer et se remarier est mieux de tuer son conjoint que d’en divorcer… du moins si il-elle veut aller au paradis LOL Trop fort ! Super, j’adore... tssst



Pourquoi je m’intéresse soudain au mariage ? lol je sais pas trop, pourtant, moi j’y crois pas une miette au mariage et c’est pas moi qui vais se marier de si tôt. Je suis de la fameuse génération des enfants du divorce comme on dit. Souvent, on entend dire que ma génération ne s’est pas prononcée sur comment elle avait trouvée ça le divorce. Je dirais que c’est dans la même veine que les générations précédente n’ont pas dit elles non plus comment elles avaient trouvées ça le mariage. Ça va simplement de soi. Que les parents soit mariés ou divorcés, c’est comme ça et c’est tout.

Mais mettons que je me force le geni pour trouver de quoi à dire là dessus, je peut avancer que d’après mon expérience, c’est vraiment mieux des parents séparés que des parents qui s’haïssent au quotidien. À long terme, je dirais que ça cause moins de dommages psychologiques aux enfants mais une fois grands certains de ces enfants peuvent trouver difficile de répondre à certaines questions fondamentales comme par exemple " Mais quel peut bien être le but de se matcher ? " lol !