lundi, septembre 25, 2006

- Midi moins cinq

AVERTISSEMENTS : J’ai failli effacer ce billet car me dis que je ne devrais peut-être pas publier des œuvres aussi sanglantes sur ce blog… C’est drôle parce que je suis une fille très douce en vraie mais dans l’art, je suis plutôt le contraire. Pas toujours là, mais ça arrive. Le pire c’est que je ne m’en rend pas vraiment compte. C’est après que je me dis… : « Crimme, c’est pas mal extrême ton affaire … Le monde vont te prendre pour une déchaînée du chaos complètement barge qui est capable de Dieue sait quoi. » Mais bon, je me dis qu’en vous avertissant d’avance que ce qui va suivre est une recherche de la symbolique la plus douloureuse possible, que je voulais poser dans un contraste éthique extrême du type qui fait mal et que à part de ça je suis très gentille, je me dis que ça devrait aller : )

J'ai réussi à remettre la main sur une toile que j'avais fait pour un cours de société et religion voici une couple d'années. J'avais été visiter les labos de l'UdM, là où on fait des tests sur les animaux. (En passant, c'était des labos vraiment biens et même si les tests sur les animaux sont de l'ordre de l'horreur pure et simple, il faut dire que l'UdM est soumise à des règles extrêmement strictes sur le confort de ses petits condamnés à mort.)

Comme tous les animaux qui entrent dans le laboratoire n'en sortirons pas vivants, j'avais en premier lieu tenté de faire adopter une souris des labos par l'association étudiante afin de manifester que la théologie s'intéresse à sauver ce qui est perdu. On m'avais dit que c'était un bien beau symbole mais que c'était légèrement trop crak-pot pour l'association. Hahaha ! J'en ai quand même sorti une couple de pas pire au fil de mon BAC.

Malgré tout, cette visite m'avait inspiré une peinture : Midi moins cinq



Midi moins cinq c'est parce que midi c'est d'une certaine façon l'heure juste et que dans cette toile, on y est pas encore à l'heure juste. Difficile même d'avoir l'heure juste.

C'est qu'on oublie souvent que derrière le bonheur et la joie de la guérison, de l'amélioration des conditions de vie des humains, il y a des tonnes et des tonnes et des tonnes de morts décapités, démembrés, torturés, utilisés et jetés comme de bons vieux kleenex. Je trouvais que de mettre en opposition ces deux situations inséparables (cet instant de bonheur indicible, cette ultime victoire humaine sur le "mal" où un enfant retrouve l'usage de ses jambes et cette terrible tuerie où la masse de cadavres usagés et jetés remplirait un aéroport) soulevait la question éthique d'une manière extrêmement émotive.



Le fait est là, aussi ennuyeux soit-il : aux nouvelles jambes de cet enfant qui grâce à la médecine est rendu à une vie pleine d'espoir sont reliés des milliers de morts et des rivières de sang.



Où est le bien ? Où est le mal ? Y a t'il des innocents et des coupables ? Est-il seulement possible ici de rendre un jugement impartial ? L'impartialité a t'elle lieu de citer dans cette situation ? Est-elle seulement accessible ?

Ici l'intensité du merveilleux se lie à l'abjection totale, elle se juxtapose à lui, lui est nécéssaire, en est inséparable ... ainsi en est-il.

Comment peut-on trancher lorsque deux extrêmes de la sorte se retrouvent aussi indissociablement liés ? Est-il seulement éthique d'oser l'illustrer aussi crûement ? N'est-ce pas là une de ces choses que l'on se doit de ne point souligner ?

J'aime bien cette toile car elle pose dans un espace de questionnement où ne se trouve aucune réponse objective à laquelle s'accrocher. On se retrouve devant sa propre éthique, devant sa propre construction du bien et du mal et devant celle de son contexte.

Personnellement je n'ai aucune réponse. Je n'ai que davantage de questions.
Je ne saurais pas dire où est réellement le bien et où est en vérité le mal. Si l'un rachète l'autre ou si l'autre corromp le suivant. Je me retrouve juste devant de grandes questions où s'entremêlent d'immenses sensibilités qui prennent aux trippes.

Ça sérieusement, c'est vraiment le type d'émotions intellectuelles que j'aime... si bien entendu, l'émotion intellectuelle existe : )

2 commentaires:

Caroline a dit...

Tu es allée voir les labos de médecine de l'U de M et tu y as vu des animaux qui servaient à faire de la recherche?

Tu as bien fait de ne pas effacer ton billet, il passe très bien, je trouve. Peut-être grâce à la présentation? :-)

En tout cas, c'est une bonne coïncidence avec mon billet d'hier, oui!

Annie-Claudine a dit...

Oui, j'avais été les visiter pour un cours. Il y avait des rats, hamster, grenouilles etc... mais au moins pas de singes, de chats ou de chiens.

La présentation aide sûrement parce que se faire garocher une image comme ça sans préparation c'est un ti peu trash LOL !

Merci bella X X X