Voici donc la suite du billet précédent.
La dernière toile c’est la cour des miracles. Cette toile immense, très fidèle à la description des personnages du roman, a été peinte dans un minuscule un et demi si bien que je devais ramper sous la peinture pour me déplacer d’un coin à l’autre de ma chambre ; et ça a duré des mois et j’ai cru n’en jamais voir la fin.
Dans le roman, la cour des miracles est le repère de tout ce que la société comporte de lie. Le bougre qui s’apprête à se faire pendre c’est Gringoire, poète raté, le personnage principal du roman juste avant qu’il ne soit sauvé par Esméralda.
J’ai exploré dans ces toiles les symboles de la psyché et de la spiritualité humaine et le plus intéressant je crois, c’est le symbolisme caché de l’œuvre. Une manière peut-être de rendre hommage à ce cinglé de Frollo qui tâte de l’alchimie et cherche sans répit les signes et secrets alchimiques cachés dans sa cathédrale.
Premier étage
Le point de départ c’est la cour des miracles. Les truands représentent toutes les tares, laideurs, bassesses et misères de la conditions humaine tandis que Gringoire symbolise l’humanité. C’est un peu comme si les ombres intérieures qui habitent l’humain s’étaient matérialisées en éventail autour de lui pour motiver sa désespérance et le pousser vers la mort.
Deuxième étage
C’est à ce moment qu’apparaît Esméralda qui sauve le misérable poète d’une mort certaine. Elle représente la foi qui est capable de transcender les moments les plus critiques de l’existence et même de naître directement au sein de la douleur. Par foi j’entend la foi naturelle et non pas la religion. J’entend la pureté du cœur, ressentir la beauté de la vie et la capacité d’émerveillement.
Elle est encadrée par les deux personnages qui précipiteront sa mort ; Phoebus par insouciance et Frollo par amertume. Ils représentent la façon que nous avons de tuer le meilleur de nous alors que les tours de la cathédrale qui surplombent les deux personnages représentent les aspects de la civilisation qui leur sont associés.
Phoebus à gauche symbolise la fuite dans les compulsions diverses. La part de civilisation qui prend racine en lui comprend tous ce qui nous éloigne de notre être grâce à des séductions vides et chatoyantes. Le capitalisme s’est en quelque sorte construit sur ce personnage en alimentant sans cesse les besoins imaginaires de consommation jouissive mais ce faisant, l’essence l’humanité est perdue, réduite exclusivement à ses besoins les plus primitifs. Le meilleur de nous-même est sali, jeté, ridiculisé comme si il n’y avait rien là de magnifique autre que l’emballage.
L’archidiacre pour sa part, symbolise la fuite dans la rationalité extrême et la recherche futile de la perfection. La part de civilisation qui prend racine en lui c’est la quête intense actuelle ultime : atteindre fouille moé quoi mais on va l’atteindre. La science débridée, la technologie effrénée, le clonage du prochain. Choses qui ne sont pas mal en soi mais qui deviennent monstrueuses lorsqu’elles s’élèvent en idoles divines. Cette quête absurde de devenir la perfection désincarnée nous rend aussi fous que l’archidiacre. L’être de chair ainsi muselé échappe à tout contrôle et dans sa soif délirante, écrase la gourde qui contenait le breuvage qui l’aurait apaisé. Le meilleur de nous-même est englouti, haï même car dans sa folie l’humain perçoit son humanité comme ce qui l’empêche d’être humain.
Troisième étage
Nous avons vu le symbolisme des tours, mais il reste Quasimodo qui représente l’animalité en nous. Il est en quelque sorte, notre croyance intrinsèque en l’imperfection de notre nature. La perfection n’est pas de ce monde disons nous et Quasi est le plus extrême emblème imaginable à ce dicton. Pourtant, de tous les personnages, malgré son corps et son esprit informe, il sera le seul à éprouver un amour réel, sincère et désintéressé. Il est le symbole de la nature animale-humaine que l’on méprise mais qui pourtant abrite le fameux « vrai » que nous cherchons si vainement là où il ne se trouve pas.
La cour des miracles, Esméralda et Quasimodo sont reliés par la corde qui passe dans chaque tableau. Objet de mort dans le premier, elle permet de grimper à l’étage suivant où l’humain rencontre le meilleur de lui-même et laisse danser son âme puis d’aller plus haut encore, là où sonnent les cloches ; où se transcende l’imperfection et où l’animal que nous sommes est rendu à sa plus haute nature. Ceci par contre, à la condition de ne pas avoir été figé par l’attrait d’une perfection futile qui exige de sacrifier sa nature profonde ou encore englouti par les plaisirs tout aussi futiles où nous entraîne cette même nature lorsque muselée, laissée à elle-même et privée d’esprit.
Le septyque de Notre-Dame résume ma vision de la quête spirituelle humaine actuelle et ce que j’espère en fait c’est que tout cela finira mieux que dans le roman de ce génial Victor Hugo…. ;)
jeudi, décembre 14, 2006
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7 commentaires:
Annie-Cloclo, tu as déjà eu l'occasion de m'expliquer comment il est difficile de peindre une foule, celle-là me semble particulièrement complexe, toute en nuance.
Bravo pour les explications théologico-artistiques.
Merci Marcello ! Ha oui la foule c'était pour la peinture sur la porte du local étudiant c vrai ! Hey, on va se prendre un pot entre nowel et le jour de l'an dac ? J'aimerais bien te présenter Nat elle est top géniale !
Génialissime !
Nat- C un rendez-vous !
Christophe - Ça y est, me voici toute gênée lol.
Merci les copains
Faut pas, j'suis pas le Président !!
Annie-Cloclo, ce serait bien de rencontrer cette Nath., entre Noël et le jour de l'an,, C'est sur que c'est occupé mais si je décide de faire une petite tournée de bar,, je passe pas le Quai, en espèrant t'y voir naturellement,, garanti...
Aussi j'aime bien l'image qui te représente sur ton blog, c'est vraiment toi, le chapeau aussi, j'aimais moins le ptit rat.... ou la souris pe..
Ciao,, à bientôt..
Hey ques t'a contre les rats mon espèce de snoro. C'est mon animal favori là. Je suis moi-même un petit rat d'égoût en quelque part. Certain dirait même un petit rat d'égoût qui a de la classe LOL ! Alors fait gaffe à ce que tu dis des ratons hein !
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