Bon là on dira que je prêche pour ma paroisse vue que et oui, je fais partie des personnes les moins plates au monde ; ) héhé, mais ce que je veux vous conter c’est du vrai de vrai vécu.
Il importe en premier lieu de dire que mes collègues artistes m’ont toujours trouvé un peu bizarre d’être en théologie. De la même manière que mes collègues de théologie m’ont toujours trouvé eux aussi un peu bizarre d’être en théologie mais… pour des raisons différentes. Moi personnellement, je suis extrêmement fière d’être en théologie parce que justement ça a l’air follement bizarre. (On commence à comprendre mes collègues de théologie).
La boucle est en quelque sorte bouclée et les choses pourraient s’arrêter là mais il n’en est rien. Tant en théologie, qu’en taverne ( lieu de rencontre artistique par excellence )
Les gens de théologie sont très intéressés de savoir ce que je peux bien fiche là et même ils y voient parfois de l’espoir du fait que la théologie puisse attirer de semblables hurluberlus-es contemporains-es. Les gens de tavernes eux, après avoir fait les yeux ronds ( En théologie ? ! demandera sans y croire ma nouvelle connaissance en observant les tatous sur mon visage et la grosse bière que je tiens à la main.) après donc, il se passe toujours quelque chose. La personne a une question à poser ou un souvenir à partager mais bref, surprenant de voir que dans nos bonnes vieilles tavernes, le sujet religieux passionne encore.
Facile même de soulever l’intérêt. Il m'est arrivé que devant un beau gars, toute intimidée et ne sachant plus quoi dire, j’ai switché le fait que j’étais en théo et hop, c’était dans le sac. ( Vous comprenez que se faire faire de l’œil par une étudiante de théologie, c’est follement exotique. Ce qui prouve que le fantasme de la bonne sœur n’est pas si loin qu’on pourrait croire.)
Tout ça, j’y suis habituée mais ce dont je ne me doutais guère, c’est des répercussions que j’allais avoir sur mes amis artistes.
Je me suis vraiment tombée en bas de ma chaise lorsque j’ai réalisé que pratiquement TOUS les artistes de ma connaissance ont des toiles ou des sculptures à thème religieux. J’ai même un projet visant à recenser cet art dispersé au quatre coins des productions de tout le monde. J’en ai pas mal parlé et chaque fois, les copains sont emballés, je répète, EMBALLÉS par cette recherche et encore plus surpris-es de réaliser qu’ils et elles ont fait de l’art religieux et qu’ils et elles partagent cet art avec TOUS LES AUTRES ARTISTES DU QUÉBEC ou à peu près. Je vous le dit, c’est renversant. Presque incroyable à quel point tout le monde en a… mais ce n’est pas le mieux et c’est là qu’on arrive à ce dont je voulais vous parler.
J’ai réalisé qu’au fil du temps, toute cette passion de la théologie qui m’habite s’est transmise. Dans les peintures en direct auxquelles je participe souvent, il y a des peintres qui font de l’art à thème religieux et qui me disent carrément que c’est moi qui leur ai inspiré cela. C’est arrivé vraiment souvent. Hier Dominic Desbien un artiste époustouflant à côté duquel je peignait au Boule noire (peinture en direct tous les jeudi) a fait un visage du Christ tellement beau que j’enrage de ne pas pouvoir vous le montrer. Il m’a regardé en riant et m’a dit que c’était ma faute si il avait fait ce portrait.
Vous réalisez !!!!! La théologie, ça fait des petits même là où on les attends le moins ! Il suffit d’attiser le moindrement leur inspiration et ça y est, les artistes décollent sur le religieux. C’est un art libre qui mélangent le traditionnel aux nouveaux langages visuels. C’est fascinant.
Laissez-moi vous présenter deux artistes pas piquées des vers : Geneviève Brochu et Étienne Martin.
Étienne Martin
Ma passion du Christ
Une insertion géniale, les feuilles d'annuaire (tout ce qui est en gris). Symbole très intéressant qui donne l'impression de rassembler l'entièreté de l'humanité.(surtout devant la toile en vraie)
La dernière cène
J'adore le fini vitrail de ses compositions. J'adore le symbolisme puissant de ses oeuvres, j'adore cet artiste. En plus, c'est une personne d'exception, vraiment sympa et gentil comme tout. Pour admirer d'autres oeuvres d'Etienne c'est par ici.
Geneviève Brochu
Salomé
Voyez ce gracieux visage. Je vous met au défi de réussir à faire un nez rond tout bête comme celui-là sans que votre personnage perde la face ; et qui plus est, extrêmement féminin malgré un soupçon de barbe noire... Comment elle a fait ? Ça c'est du grand Geneviève.
Madonne à la bière.
Hein ! C'est moi ça ! Hahaha !
Vierge à l'enfant
Une de mes peintures préférées de Geneviève. Remarquez le traitement du visage par les formes géométriques qui rehaussent toute l'expression et l'impressionnante maîtrise du clair-obscur. Et je sais pas pour vous, mais moi cette auréole c'est une des plus belle que j'ai vu.
Ça c'est deux artistes... imaginez les cent mille autres ! Oui, vraiment, il faut resencer ces merveilles. Quelqun aurait pas une subvention à me refiler ? ; )
3 commentaires:
Ah! C'est ça, ton sujet de maîtrise? Je veux te subventionner, je veux voir les résultats de tes recherches! C'est trop génial.
Tu viens de m'apprendre plein de choses, notamment dans ta lecture des oeuvres.
J'espère que tu sera au doctorat quand je vais revenir, et on va poursuivre ensemble!
Puis c'est donc vrai que le religieux passionne encore, au pire, pour s'en plaindre et exprimer des souffrances héritées des générations passées. Au mieux, en tant que cadre de questionnement. Que ferait la théologie sans les questions? :)
Merci pour ton super billet, j'ai adoré.
(Coudonc, ils sont passés où, nos autres ami-e-s de théo? Ils ne t'écrivent jamais? De belles discussions se perdent, non? Je le regrette!)
Super votre blog ! félicitations !
Chère Annie-Claudine, quelques mots pour saluer positivement ton désir de rapprocher la théologie et l'art. Les théologiens et les artistes ne peuvent qu'en profiter réciproquement. A ce sujet, quelques extraits du très bel essai de Claude Roy (Arts sauvages): "Le sentiment esthétique et le sentiment religieux ont ceci de commun que les hommes s'y libèrent de la sujétion de l'utile, qu'ils leur imposent ce silence de l'univers où l'univers semble se manifester plus intensément (...) L'art, comme la religion, relie et isole, apaise et déchaîne, exorcise et affranchit. Nous n'avons pas chassé les dieux du monde: nous les avons cloîtrés dans le Musée. (...) Le musée est le temple de ceux qui ne croient plus, pour la plupart, que les dieux sont divins, mais qui pressentent que l'art l'est peut-être." Ton choix de recenser les oeuvres d'art à symbolique religieuse est donc tout à fait pertinent. Inviter à la même table la théologie et l'art incite au décloisonnement de l'esprit et ne peut être que bénéfique pour les convives. Longue vie à ton blog et bonne chance dans ton travail d'outsider! Gérard
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