jeudi, mars 15, 2007

Le prix à payer.

J’ai réalisé quelque chose de très intéressant humainement parlant.

Voici le topo :



J’ai passé plusieurs mois à être éprise d’une personne qui elle ne l’était point ou du moins malgré qu’elle sut mes sentiments à son endroit, elle ne s’est pas déniaisé assez efficacement pour démontrer quelque empressement de cette sorte, ce qui revient au même.

Un bon moment donné, je me suis donc tannée et ai décidé d’en finir avec cette fâcheuse passion. C’est là que j’ai réalisé l’ampleur de la problématique.

Si on veut se débarrasser d’un objet extérieur à soi c’est très simple, on le pitche au bout de ses bras et il sort de votre vie. Cependant, il n’en va pas de même avec les choses qui vous habitent de l’intérieur. On a beau se dire ce qu’on veut, la chose intérieure reste là et rien ne sert de lui dire : « Va t’en ! » Elle ne s’en va point et reste là à vous narguer à vous faire devenir marteau. Comment réussir à s’en débarrasser, c’est là est toute la question et c’est là que les choses deviennent intéressantes.



Il m’est apparut avec une grande clarté que la solution miracle consistait à haïr et mépriser ce que j’aimais et adorais un instant avant. Cette solution m’est apparut simplement, clairement comme si elle faisait en quelque sorte partie du système biologique lui-même.



Combien ne connaît-on pas de personnes qui après avoir passionnément aimé, haïssent tout aussi passionnément ? C’est un lieu commun à l’espèce humaine.


C’est le genre de chose qu’on fait tout naturellement sans en avoir conscience mais je crois que je m’en suis rendue compte parce que je suis allergique à la haine et au mépris. Ça me rend complètement folle d’éprouver de tels sentiments.

Comme j’étais en quelque sorte extérieure au sujet puisque imperméable à son maniement dans cette situation, j’en ai profité pour analyser le comment du pourquoi transformer l’amour en haine semble si efficace pour induire un sentiment de délivrance.


Après avoir tout bien analysé, je crois que le point crucial est celui-ci : lorsqu’une passion nous tourmente, on se sent en position d’infériorité vis à vis les émotions que cela provoque. On a pas le contrôle de ses sentiments et on se sent terriblement impuissant. Il s’en suit une douleur assez prenante.


Lorsqu’on transforme le sentiment d’amour en sentiment haineux il se produit un retournement très efficace. On reprend soudainement le contrôle car on écrase l’objet d’amour en en faisant un « inférieur » ce qui induit immédiatement une impression de pouvoir sur la situation et donc, la douleur causée par le sentiment d’impuissance disparaît aussi sec.

En bref c’est un peu comme échanger un tas de ronces qui vous déchire la peau et vous laisse en sang contre un beau gros tas de marde qui serait bien en peine de vous faire quelque mal que ce soit. À partir de là, tout se joue sur la tolérance olfactive.




Je trouve ça extrêmement intéressant comme retournement.

Mais c’est assez triste car j’ai une tolérance olfactive qui avoisine le zéro ce qui fait que je suis incapable de me servir de cet outil si pratique et me voilà coincée avec mes bons sentiments. C’est assez dommage je trouve. Fait chier voyez parce qu’il ne semble avoir aucun autre moyen de régler ça de l’intérieur de manière autonome.

Bah, comme disait la chanson : « Faut que ça saigne. » et oui …



Avec ce bel intellectualisme sentimental je produirai à tout le moins cette séduisante morale de billet :

Les bons sentiments, c’est pas si gratuit qu’on pense.


5 commentaires:

Caroline a dit...

Quel beau billet. Émouvant. Tu t'y dévoiles. Et la morale, si vraie.

Te lire m'a fait penser au ressentiment tel que décrit chez Nietzsche. On méprise souvent ce qu'on ne peut avoir. La force, c'est de se l'avouer et d'être de bonne foi face à ça. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Ressentiment)

Vraiment, les bons sentiments, c'est souvent exigeant.

Marchello a dit...

Annie-Cloclo, pour paraphraser Caroline, beau billet, tu es d'ailleurs très prolifique dans les beaux billets par les temps qui courent.

Tous, un moment donné on connaient l'amour non-partager. Je ne sais plus qui l'a dit mais il a dit "L'amour c'est aussi d'accepter qu'on aime une personne et que cette personne ne nous aime pas du même amour parce que si ce n'est pas aussi ça, ben alors ça devient de la pitié et la pitié c'est le contraire de l'amour."

Moi aussi j'ai déjà essayé de retourner en haine de l'amour. Déchirant. L'expérience laisse des traces indélébile et il devient difficile d'aimer à nouveau au même niveau.

Vaut mieux laisser faire le temps. Toi, tu es encore très jeunes et un amour partagé c'est le climax de la vie, l'orgasme extasique:
youhouhouhouhou....lol.

Anonyme a dit...

Annie-Claudine,

Quel beau billet ! Tu parles, de façon incroyable, des sentiments et de ce qu'ils peuvent provoquer chez l'être humain. Les émotions transcendent les mots doucement, sereinement !

Enfin, j'adore ta conclusion : La Fontaine n'aurait pas écrit mieux!

André.

Annie-Claudine a dit...

Caro : C'est vrai qu'on méprise ce qu'on ne peut avoir. Les non-fumeurs qui deviennent ultra-intolérants en sont je crois un très bon exemple. Merci belle

Marcello : merci pour l'avalanche de compliments : ) J'ai beau faire j'arrive pas trop à t'imaginer en train d'haïr quelqun toi lol ! L'amour partagé ... ouais, vas donc savoir si ça fini par arriver. Y parrait en tout cas que c'est quand on ne s'y attend pas.

André : Doucement et sereinement LOL !!! C'est pas tout à fait comme ça que je voyais les choses LOL !! ; )

Anonyme a dit...

Annie-Claudine,

Je parlais de la façon dont tu avais écrit.

André.